vendredi 12 avril 2024

La Société de la Culotte

Le XVIIIe siècle a vu naître un très grand nombre d’ordres farfelus et de sociétés bouffonnes, dont les objectifs étaient variés : distraction des membres, défense des arts, etc. Ainsi, l’Ordre des Lanturlus, qui était présidé par sa Grande Maîtresse, la marquise de Ferté-Imbault. Il se réunissait dans une maison de plaisance du duc de Rohan. Autre exemple, la très excentrique société de la Culotte, fondée lors du relâchement des mœurs durant la Régence, par l'épicurien fermier-général Saint-Amarand (Jean-Hyacinthe Davasse de Saint-Amaranthe,1692-1770). Société ouverte aux deux sexes, ses statuts prévoyaient les dispositions suivantes (entre autres) :

« Profanes qui croyez peut-être,

Que la Culotte excite aux criminels désirs,

Apprenez à nous mieux connaître

Et que nous n'admettons que d'innocents plaisirs.

Celui de nous trouver ensemble,

Est le lien charmant de la Société,

Quand la Culotte nous rassemble

C'est pour nous une douce et sage volupté.

Dans nos délicieux mystères

Si le chagrin prétend troubler un sort si doux,

Nous le chassons à coups de verres,

La joie et les plaisirs règnent seuls parmi nous.

Mais de leur part les Culotines

Peuvent sans offenser la sévère pudeur,

Paraître quelquefois badines,

Une sage gaité ne craint point de censeur. »

 

En somme, de la gaité, mais du bon ton. Mais les Culotines et Culotins s’y sont-ils toujours tenus ? Qui saurait le dire…

 

Illustration : Watteau, les fêtes galantes…

 


 


jeudi 11 avril 2024

Si je fais un rapide calcul...

"Si je fais un rapide calcul, sachant qu’il y a à peu près 245 milles pour venir de Brigantium à Vesontio, ce qui représente, pour être généreux, une vingtaine de jours de voyage, il faudrait en conclure que cette esclave aurait coûté plus de 25 sesterces par jour rien qu’en nourriture ! Tu lui as servi quoi, à chaque repas ? De la tétine de truie au miel de Campanie farcie aux oursins de Carthage et à la chair de girafe ? De la murène pochée parfumée aux épices de l’Inde ?"

 

Extrait de "Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours", par Bernard Grandjean, Éditions du 38.

 

https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html 

 

Illustration : une rue de la cité de Vesontio (reconstitution de l’ISTA, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, Université de Franche-Comté).

 


 


lundi 8 avril 2024

Une souris !

"SOURIS. s.f. Petit animal à quatre pieds, plus petit que le rat, qui se retire dans les trous des maisons, & qui ronge les grains, la paille, les meubles, etc. Petite souris. Grosse souris. Les souris rongent les papiers. Le chat a pris la souris. Guetter comme le chat fait la souris.

On dit proverbialement d’un jeune enfant fort vif & fort éveillé qu’il est éveillé comme une potée de souris.

On dit proverbialement que la souris qui n’a qu’un trou est bientôt prise, pour dire, que quand on n’a qu’une ressource, on tombe bientôt dans l’inconvénient que l’on craint."

(Le Dictionnaire de l’Académie française. Quatrième Édition,1762.)

 

Illustration : Martin Drölling, "La femme et la souris". Le chat et l’enfant semblent très intéressés par la souris prise au piège…

Martin Drölling est un Alsacien né en 1752 à Oberhergheim, village proche de Colmar. Spécialisé dans les scènes d’intérieur, il s’était installé à Paris en 1779, ville où il est décédé en 1817.

 


 


mercredi 3 avril 2024

Étoile...

"On se rappelait encore le mot de lord Albermale, ambassadeur d'Angleterre, à Lolotte Gaucher, sa maîtresse : Cessez, ma chère amie, d'admirer cette étoile, vous me mettez au désespoir, je ne puis vous la donner"...

(Extrait des Souvenirs de Mlle Duthé, de l’opéra (1748-1830), par Étienne-Léon Lamothe-Langon.)

En illustration, une (é)toile magnifique : Anne Marie de Mailly-Nesle, représentée en point du jour, en 1740, par Jean-Marc Nattier (Versailles).

 


 


jeudi 28 mars 2024

Sur un cheveu...

Extrait du Journal des Dames pour l’année 1761 :

"Sur un cheveu ; par l’auteur de la fameuse églogue, au déclin d’un beau jour, une jeune bergère…"

"À sa toilette un jour l'aimable Célimène,

De l’un de ses cheveux aux mains me fit un nœud.

J'en ris d'abord, pensant que ce n'était qu'un jeu ;

J’osai la regarder, le cheveu devint chaîne."

Au XVIIIe siècle, les femmes élégantes se poudraient les cheveux, ce qui présentait deux avantages : leur donner de l’épaisseur, et les rendre propres (du moins le croyait-on, à une époque où on ne pratiquait guère les shampoings) afin de lutter contre les infections capillaires.

On utilisait différentes sortes de poudres afin d’éclaircir les cheveux ou de modifier leur couleur. Le blond cendré a été un temps très tendance. Plus surprenante est la mode des poudres grises : le XVIIIe siècle est bien le seul moment dans l’Histoire où les femmes ont tenu à se vieillir ! Le poème ci-dessus ne dit pas de quelle couleur était le cheveu de l’aimable Célimène…

Illustration : Jeune femme à sa toilette, par Johann Anton de Peters (1727-1795), peintre graveur allemand (localisation de l’œuvre inconnue). Peters fit l’essentiel de sa carrière en France, où il vécut jusqu’à la Révolution.

 


 


dimanche 24 mars 2024

La gaze légère...

"Dans tes beaux yeux, à la pudeur sauvage

Succèdent les molles langueurs,

Qui de nos plaisirs enchanteurs

Sont à la fois la suite et le présage.

Déjà ton sein doucement agité,

Avec moins de timidité,

Repousse la gaze légère

Qu’arrangea la main d’une mère,

Et que la main du tendre amour,

Moins discrète et plus familière,

Saura déranger à son tour."

(Évariste de Parny, Le lendemain, extrait, poème à Éléonore, 1778). Évariste de Parny (1753-1814) était né à l’Île Bourbon, qu’il quitta à l’âge de neuf ans. Ses poème seront très populaires au début du XIXe siècle, notamment ses élégies et ses poésies érotiques, publiées en 1778. Chateaubriand et Pouchkine l’admiraient beaucoup.

Illustration : Angelika Kauffmann (1783) : portrait de Caterina Odescalchi (1765–1839), duchesse de Bracciano, Sirmio et Ceri. Sa poitrine est couverte d’une gaze légère propre à inspirer un poète !

 


 

 

jeudi 21 mars 2024

Haute vallée...

"Dans les premiers lacets de la montagne, avant que la piste ne devienne rude, ils font une courte halte. Pendant que Pasang vérifie les sangles des bêtes et l’arrimage des bagages, Sambou contemple la haute vallée de la Rivière Turquoise, où s’étend le beau Pays des Genévriers-de-Perles..."

Extrait de "Le yak aux cornes d’or", par Bernard Grandjean, KDP-Publishing. Prix 3,5 Euros en édition numérique, 12,66 Euros broché.

Le roman est à retrouver ici : https://www.amazon.fr/dp/B0BV2F4B2F

Illustration : Haute vallée himalayenne, Ladakh (photo de l’auteur).

 


 


La Société de la Culotte

Le XVIIIe siècle a vu naître un très grand nombre d’ordres farfelus et de sociétés bouffonnes, dont les objectifs étaient...